Entretien avec Marie Orensanz

« L’intimité se trouve dans la découverte des mots, des symboles. Je pense que l’art n’est et ne doit pas être seulement la vision d’une personne, l’expression d’un seul, mais doit donner à d’autres des points de référence tels que chacun puisse développer ses propres idées. »

« L’œuvre de Marie Orensanz, figure majeure parmi les artistes sud-américains, est présente dans de nombreuses collections internationales, notamment celles du Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou à Paris –, du Centre de documentation d’art actuel à Barcelone, du musée de Brême en Allemagne, et dans les musées nationaux d’Argentine et du Brésil. Elle vit actuellement entre Paris et Buenos Aires. M. Orensanz commence à peindre à 18 ans. Elle suit à Buenos Aires les cours d’Emilio Pettoruti (école expressionniste figurative). À partir de 1953, elle voyage en Europe, aux États-Unis, au Mexique. Dès 1963, elle montre ses créations dans des expositions personnelles à Buenos Aires et participe à des expositions collectives dans de nombreux pays d’Amérique latine et d’Europe. De 1972 à 1975, elle s’installe à Milan où la présentation de ses dessins et de ses marbres, organisée par Lea Vergine en 1974, va jouer un grand rôle.
« À partir du milieu des années 1970, elle s’installe à Paris. Fragmentismo, sa première exposition personnelle en France, a lieu à la Galerie des Femmes. Mère de trois filles, elle pose leur naissance et leur éducation comme un choix, un travail et une passion constante, à l’égal de son œuvre. Dans ses fragments de marbres – pris dans l’épaisseur d’un bloc ou fins comme une feuille –, la rugosité brute du marbre brisé s’unit à la blancheur lisse du marbre poli. Ce sont « des morceaux d’un tout, fragments du temps, venus d’un temps antérieur et futur ». Elle y inscrit des mots, des bribes de dessins, de peintures, des traces, des chiffres, autant de signes qui suggèrent une nouvelle circulation des énergies des forces. Elle questionne, elle interroge, elle fait naître du sens, elle fait appel à la mémoire. Chaque fragment se prête à de multiples lectures, illimitées dans le temps et l’espace.
« En 2002, son installation ¿Para quién suenan las campanas?, [« Pour qui ?… Les honneurs ? »] est exposée pour la première fois au Musée National des beaux-arts de Buenos Aires. Sur 17 cloches blanches en opaline, accrochées au plafond, figure une inscription qui rend honneur à « ceux qui doutent », « ceux qui s’aident » ou « espèrent » ; à ceux que les structures du pouvoir veulent ignorer. À travers son œuvre, elle « ouvre un dialogue » avec celle et celui qui regardent ; elle veut ainsi « produire quelque chose dans l’autre », car « l’exercice de la pensée donne la possibilité de vivre mieux, le plaisir de regarder les choses et de les transformer (…) penser est un acte révolutionnaire. »
Yvette Orengo, Extrait du Dictionnaire universel des créatrices, © 2013 Des femmes – Antoinette Fouque

En sept chapitres — Début d’une vie nomade (Buenos Aires, 1952 – Paris, 1964) / Rapports de force, mascarade et abstraction (1964-1968) / Justice sociale, Rome-Milan, Marie devient Marie (1969-1974) / Fragments et systèmes (Carrare, 1974 – Paris, 1975) / Milieu parisien, une amie particulière / Situation, échelle, matière / Commémorer, honorer — cet entretien est l’occasion pour Marie Orensanz d’évoquer à la fois sa biographie, son parcours artistique et l’esprit de son œuvre.

 

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Préface : Camille Morineau

21 reproductions couleur

13 reproductions noir et blanc

96 pages

13 × 21 × 0,9 cm

Couverture brochée

Paru le 21/02/2023

ISBN : 978-2-490505-44-9

Graphiste : Audrey Templier, Julie Rousset

 

Édité avec le soutien de la Région Ile de France
Réalisé en coédition avec AWARE, Archives of Women Artists Research and Exhibition