Arrêts sur peinture

« Tous les moments de ma vie, je les ai écrits. J’ai toujours raconté ma vie dans la peinture. C’est une sorte d’autobiographie. »

Au fil de plus de vingt heures d’entretien, Yan Pei-Ming se confie à Donatien Grau avec pudeur et modestie sur son parcours : son enfance à Shanghaï, ses études à Dijon, son installation à Paris…
Tout en s’interrogeant sur ce que signifie être peintre, il raconte comment son expérience personnelle s’exprime dans ses tableaux, évoque son rapport à l’art, ses projets, ses doutes, et nous fait entrer dans l’intimité de son œuvre.

 

Extrait de l’avant-propos de Donatien Grau :

« Le langage de Yan Pei-Ming, c’est la peinture. Il le dit : “Ma peinture parle anglais” – langue qu’il ne maîtrise pas. Mais, si elle parle anglais, elle parle toutes les langues car sa véritable expression réside, non dans les mots, mais dans l’image, ses vibrations, ses tensions et ses résolutions. Depuis quatre décennies maintenant, son oeuvre marque le territoire de la représentation. Connu pour son noir et blanc, mais aussi ses rouges et ses bleus vibrants, il crée certaines des images les plus puissantes de notre temps. Quand on lui demande de s’expliquer, le plus souvent il s’en tire par une pirouette, quelques paroles choisies et définies parce qu’elles sont inoffensives. La parole n’est pas son langage, entend-on, soutient-il. Et le français, pas sa langue natale.

La réalité est plus complexe. Yan Pei-Ming parle avec une très grande précision ; et il a beaucoup à dire. Quand l’occasion se présente de converser en confiance, il s’exprime, et raconte : ce que signifie être peintre ; ce que son cheminement personnel a pu produire dans son art ; ses décisions, ses inquiétudes, ses projets.

L’humanité se détache de ses mots : tout est si précis, ressenti, vécu, rien n’est gratuit. Des paradoxes surgissent, entre les façons de percevoir et de créer : des contradictions apparentes s’affirment, résolues en un coup de pinceau. Ming avait réalisé des entretiens, dans des catalogues, des magazines. Un volume avait recueilli ses conversations avec son ami journaliste Fabian Stech. Mais il était temps que l’espace lui soit donné d’exposer, de présenter, de narrer cette destinée hors du commun, entièrement vouée à la peinture, qui l’a conduit de Shanghai à Dijon, et à exposer ses œuvres partout dans le monde, à concevoir les images de notre présent.

Au musée d’Orsay, j’avais travaillé avec Ming à son projet Un enterrement à Shanghai (2019-2020), et suivi toutes les étapes qui résultent en un morceau de bravoure de peinture. Déjà, j’avais vu la capacité de Ming à ne rien dire, à laisser secrets les soubassements de son oeuvre. Je m’étais dit : “Il faudra qu’il explique…”

Au travers des années de notre amitié depuis, je n’ai cessé de le penser. Un jour de 2021, il a accepté, à condition que, suivant son souci de la performance, nos conversations aient lieu en trois jours, au rythme de sept heures par jour. Plus de vingt et une heures en tout. Et nous avons eu devant nous une matière de récit et de vie qu’il fallait mettre en forme. Nous avons accompli ce travail de reprise ensemble, reprenant tel passage, le précisant, assurant la référence. Dans ce livre, pas un mot n’a pas été prononcé par Yan Pei-Ming. Tout est lui, car il était important d’entendre sa voix, de suivre sa pensée, ses émotions, celles d’une personne immensément sensible et ambitieuse. Sa modestie, sa simplicité coïncident avec son souci de l’autre. Au rythme de ces pages, c’est un être complexe, subtil, talentueux et inquiet qui se révèle. Yan Pei-Ming, tel qu’en lui-même. »

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French edition

200 pages

14 × 21,5 × 1,2 cm

Couverture brochée

Published on 06/10/2023

ISBN : 978-2490505-49-4

Graphic designer: Joanna Starck